Écrire sur des livres d'Histoire
Myriade des livres d'Histoire. Sans vérifier, c'est à coup sûr, dans l'édition un domaine phare, tout en haut des records de vente. C'est aussi – nous dit-on, et sans creuser les sondages, quelque chose que nous adorons en France. Matière reine chez nous, avant, pendant et après l'école et son récit national. Car si l'Histoire est d'abord un récit, qui est accouché, travaillé, croisé, remodelé inévitablement par celui qui pose son objet d'étude sur la table de travail – donc, à ce titre représente un pan de haute teneur scientifique - c'est aussi un lien particulier entre nous et elle, avec sa dose d'émotionnel, d'affects divers et contradictoires. Ce n'est qu'avec l'Histoire qu'on entretient ce lot complexe et riche de « sentiments », voire de sentimentalité. Et, cela, tous âges, tous niveaux d'études ou de pré-acquis culturels confondus. Il n'est qu'à voir l'intensité des débats sur les programmes, les méthodes d'enseignement, l'écho grand public de la parution d'un livre sur un sujet dit sensible !
Immense flotte, que celle des livres des rayons historiques. Mélange. Melting-pot culturel ouvert et accueillant. Bienveillance qui accepte le côtoiement de ce chercheur et de ce « raconteur d'histoires de l'Histoire » ; l'Histoire et ses récits n'appartiennent-ils pas à tous... un patrimoine en soi. A ce titre, discipline inséparable de la citoyenneté et des plus hautes Valeurs : combien de livres d'Histoire a-t-on vu brûler, de l'Inquisition aux miasmes de Vichy ? Varié, le panel, allant des biographies vieilles comme la discipline, des racontars de gare même pas vérifiés ou vérifiables qui, simplement, sont la nourriture des rêves, des – vie quotidienne au temps de, aux infinis – les mystères de... des analyses charpentées qui sentent encore le bon parfum de la recherche universitaire, en raccourci. Des controverses étayées aux élucubrations déjantées. De l'Histoire, la grande, la petite et parfois la minuscule, l'imperceptible bout de la lorgnette ; la classique baptisée ancienne, face à toutes les ( il y en a plusieurs) modernes, ces « nouvelles Histoires » qui honorent la France intellectuelle. Enfin, les façons d'interpréter et de donner à lire le Passé ; prismes fascinants de l'historiographie : la Marxisante, la réactionnaire politique, intégriste et la structurale, parmi d'autres...
La Cause Littéraire étant avant tout, un site de recensions, le matériel – livres d'Histoire - y est abondant comme poissons en mer chaude. Rare est le rédacteur qui, un jour ou l'autre, ne s'est attaqué à un récit, un essai, un roman d'Histoire (s). Si recenser le fonds CL fut long, l'organiser et décider de lignes de choix, connut des moments parfois Cornéliens, et d'autres presque étranges : choisir, éliminer, privilégier étant d'ordinaire peu usités dans la démarche historique qui se doit au contraire de collecter, conserver, classer, archiver. Dans le voyage-découverte des Historiales, de facto étranger au mot exhaustivité, les textes retenus sont proposés en plusieurs blocs, allant du « fil » aux « lieux », passant par les « thèmes », quelques uns de ses « Grands » sans négliger – paradoxe d'importance, les « romans ». Tout, avec une seule ligne éditoriale choisie ; celle d'abandonner le supposé trop connu, d'éviter les pièges des redondances, de laisser de côté de temps à autre une histoire contemporaine trop attendue au profit, par exemple d'une Antiquité rafraîchie, d'éclairer au vu de notre contexte, l'Histoire immédiate qui se risque à écrire juste derrière l’événement, sans faire l'impasse – Cause littéraire oblige, sur ce rêve de tout lecteur : la vie d'autres gens, ailleurs, que représente le bon roman historique.
Le bonheur de lire des livres d'Histoire comble, en nous, à peu près tout, du dépaysement aux savoirs, de la science humaine au rêve de gosse, des racines ressenties aux interrogations existentielles. Que – modestement – les « Historiales de la CL » puissent y contribuer pour vous !
Martine Lamouché Petauton